Au-delà du logement, le soutien des bailleurs sociaux à VRAC pour le bien manger

Les bailleurs sociaux sont à l’origine même du projet VRAC. En 2013, c’est d’un échange entre Cédric Van Styvendael, alors directeur général d’Est Métropole Habitat, Marc Uhry, responsable Europe de la Fondation Abbé Pierre et Boris Tavernier, actuel délégué général de VRAC France, que naît l’idée de rendre des produits alimentaires de qualité plus accessibles pour les habitant·es des quartiers politique de la ville de la métropole lyonnaise. A Lyon, le soutien des bailleurs sociaux ne se fait pas attendre...
Pour Cédric Van Styvendael, ce soutien d’Est Métropole Habitat était évident tout comme l’intégration au projet d’autres bailleurs : « c’est pourquoi d’autres bailleurs sociaux nous ont rejoints très vite, puis que partout en France, VRAC a pu trouver des relais dans le mouvement HLM pour s’étendre ».

Dix ans plus tard, VRAC continue son développement sur le territoire français et en Belgique, en travaillant de concert avec les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales. Retour sur une relation qui dure.

Zoom sur les coopérations sur le territoire nantais

Si l’une des missions des bailleurs sociaux est notamment de permettre aux personnes qui vivent des situations de précarité de pouvoir se loger dignement, leurs champs d’intervention sont plus larges : travailler à un cadre de vie plus agréable, favoriser le lien entre les habitant·es, accompagner la coopération entre les acteurs du territoire, encourager les initiatives citoyennes… Le soutien des bailleurs sociaux aux associations VRAC se situe à la croisée de tous ces enjeux.

Pour mieux les comprendre, nous avons échangé avec :

  • Guillaume Hernandez, directeur de VRAC Métropole Nantes,
  • Julie Faucillon, Directrice Politique de la Ville & Cadre de Vie à Nantes Métropole Habitat ;
  • Cédric Van Styvendael, ancien directeur général d’Est Métropole Habitat et actuel maire de Villeurbanne ;
  • Et Gisèle Griselhuver et Isabelle, adhérentes à VRAC Métropole Nantes.

Sur la métropole nantaise, l’association est présente sur 7 quartiers et touche chaque mois presque 500 adhérent·es. Nantes Métropole Habitat est propriétaire de 25 000 logements sociaux.


Au-delà du logement

Le rôle des bailleurs sociaux n’est pas uniquement de fournir des logements à un prix modéré aux habitant·es. Au-delà, c’est toute une offre de service et un environnement propice au vivre ensemble et à la cohésion sociale que les bailleurs ont la volonté de proposer. Sur le territoire nantais, Nantes Métropole Habitat a décidé de soutenir plus particulièrement les projets liés à l’alimentation et à l’agriculture urbaine. Ainsi, Julie Faucillon de Nantes Métropole Habitat, considère la question du pouvoir d’achat comme essentielle. Soutenir VRAC c’est selon elle « permettre aux locataires de diminuer leur budget alimentaire et retrouver de l’aisance dans leur budget logement ». VRAC a réellement permis d’installer une offre de qualité dans les quartiers à des prix maîtrisés. Ce que confirme Gisèle, habitante du quartier du Breil et adhérente à VRAC métropole Nantes depuis les débuts : « sans VRAC, on ne trouverait pas de produits bios dans le quartier ».

Pour elle, l’association permet aussi de rompre l’isolement. Habitante de longue date du quartier, près de 40 ans, elle note avoir fait connaissance avec de nouveaux habitant·es depuis son arrivée à VRAC : « il y avait des personnes que je connaissais de loin, je ne leur parlais pas spécialement, maintenant on se connaît bien ! ».

Elles n’habitent pas le même quartier mais vivent la même chose. Isabelle, adhérente sur le quartier de Malakoff, parle elle aussi des « belles personnes de toute nationalité » qu’elle rencontre depuis qu’elle est adhérente. Pourtant, quand VRAC a créé un groupement d’achat dans le quartier elle ne pensait pas que ce serait pour elle : « quand j’ai vu « bio » au début, j’ai pensé que ça allait être cher, le bio ça n’était pas pour moi… et puis maintenant VRAC j’y vais pour me faire plaisir ». Aujourd’hui, VRAC représente la seule offre de qualité dans le quartier et constitue pour elle « un lieu de rencontres », un lieu de rassemblement important autant pour elle que pour ses enfants.

Le projet permet également d’aller vers plus de mixité sociale, et encore une fois ce sont les habitant·es qui le disent : « Avec VRAC, on a réussi à faire venir des personnes dans le quartier, qui n’habitaient pas le quartier pourtant ». Soutenir VRAC, ce n’est pas uniquement soutenir un projet d’accès à l’alimentation, c’est soutenir une myriade d’enjeux. Comme le résume Madame Faucillon, l’accompagnement va au-delà : « lien social et vivre ensemble, lutte contre l’isolement, écologie (réduction des emballages, circuits courts…) et même santé».


Collaborer durant les premiers pas mais aussi dans la durée

Lorsque le souhait de créer une association VRAC émerge, les premiers échanges se font entre les collectivités territoriales et les bailleurs sociaux, experts des territoires. Et pour cause, comme l’explique Guillaume Hernandez, ce sont eux qui « connaissent les quartiers, leurs spécificités et sont en lien direct avec les habitant·es ». En soutenant financièrement les structures à leur création, les bailleurs sociaux permettent de poser les premières pierres et de préfigurer le projet. Un soutien essentiel à une étape du projet où tout est à construire : choix des quartiers où les groupements seront créés, identification du projet par les habitant·es, sourcing des produits, dégustations, rencontre avec les acteurs locaux… Les bailleurs sociaux jouent alors un rôle clé, puisqu’au-delà du financement, essentiel, les bailleurs sont aussi de « réels partenaires de terrain qui [nous] permettent de construire au plus juste l’action, en fonction des besoins du quartier », une manière de s’assurer pour les équipes de VRAC de la justesse du projet.

Sur le long terme, Madame Faucillon témoigne également des apports de l’association sur le quartier auprès des autres structures : « VRAC apporte une plus-value aux associations et aux habitants qui s’investissent sur le champ de l’alimentation et la cuisine en leur fournissant des produits de qualité, et en développant des actions communes ».


S’allier lors des concours de cuisine

Lorsque l’association est lancée, que les groupements d’achat trouvent leur rythme de croisière, ce sont de nouveaux projets qui émergent. Les concours de cuisine sont une composante essentielle du lien avec les habitant·es. Valorisation de leur savoir-faire, mise en avant de la cuisine végétale, rencontre avec des jurys d’exception…

Le lien avec les bailleurs sociaux se poursuit également dans ces temps forts des associations VRAC. Les bailleurs peuvent par exemple proposer leurs outils de communication. Ces derniers permettent de gagner en visibilité et lisibilité auprès des locataires : journal, affichage…


Associer toutes les parties d’un territoire

Gisèle est également au conseil citoyen du quartier. Engagée depuis deux ans dans cette instance, elle note l’importance des bailleurs à soutenir les associations. Selon elle, c’est le rôle des bailleurs sociaux que de permettre aux « associations de perdurer » car au-delà de vivre dans un logement, « on vit davantage dans notre quartier ».

C’est dans c’est optique que VRAC métropole Nantes et les bailleurs du territoire ont travaillé cette année à la mise en place d’une convention inter bailleurs réunissant les 8 bailleurs installés sur le territoire : Nantes Métropole Habitat, Aiguillon Construction, Atlantique Habitations, Habitat 44, Vilogia, Harmonie Habitat, Cdc habitat et La Nantaise d’Habitations. A travers cette convention, les huit bailleurs s’engagent à soutenir l’association pour une durée de trois ans. Pour Guillaume Hernandez, cette convention permet « d’envisager plus sereinement les perspectives financières de l’association ». Pour les bailleurs, il note « une opportunité de mieux coordonner les soutiens qu’ils peuvent apporter à la vie associative en ayant un impact collectif plus fort ». La convention marque tout autant un soutien, une marque de reconnaissance qu’un espace de dialogue sur les territoires où l’association est présente.


Dans un contexte complexe, poursuivre un lien de longue date

L’exemple nantais illustre la richesse et l’importance du lien qui peut se créer entre les bailleurs sociaux et les associations VRAC, pour agir au plus proche des besoins des habitants et habitantes. Les bailleurs sociaux constituent également des partenaires forts pour d’autres associations du réseau. C’est par exemple le cas pour VRAC Lyon Métropole, VRAC Hauts-de-France ou VRAC Paris.

Dans un contexte où les situations de précarité se multiplient et s’intensifient, nul doute de l’intérêt des collaboration menées dans les quartiers par les bailleurs sociaux avec les associations VRAC. Une relation évidente pour des structures aux rôles différents mais complémentaires, comme le résume Cédric Van Styvendael : « Les associations sont plus agiles, elles peuvent faire évoluer leur métier, inventer sans limite. Mais elles sont souvent fragiles et elles ont parfois besoin de s’adosser à la solidité des bailleurs sociaux. La combinaison des deux offre la souplesse de l’action associative et la robustesse du logement social. »

Pour poursuivre leur mission d’accessibilité et garantir des prix modérés aux habitant·es des quartiers, les associations VRAC continueront d’avoir besoin des bailleurs sociaux. Le lien entre habitat et alimentation est indéniable. Que celui entre bailleurs sociaux et associations VRAC continue de se renforcer au quotidien dans chaque quartier.


Vous êtes un bailleur social et souhaitez soutenir VRAC ? Consultez la carte de notre réseau pour retrouver l’ensemble des territoires sur lesquels VRAC est présente.