Précarité et accès à une alimentation durable, à la fois saine et éthique : des enjeux multiples

Huit ans après sa création sur la métropole de Lyon, l’association VRAC est désormais présente sur 13 territoires et offre la possibilité à presque 4000 foyers, aux revenus modestes, d’acheter des produits de qualité, à la fois alimentaires, de soin et d’entretien.

Si l’inaccessibilité de ces produits relève majoritairement d’inégalités monétaires et géographique, nous faisons aujourd’hui le constat d’enjeux beaucoup plus larges. Tour d’horizon des champs sur lesquels l’association agit.

Justice sociale et démocratie alimentaire : les deux piliers de l’accessibilité

Peut-on réellement mettre à disposition des produits de qualité à des personnes vivant la précarité sans même leur proposer de mieux comprendre le fonctionnement du système alimentaire, aussi complexe et flou soit-il ?

Pour VRAC, le principe de démocratie alimentaire constitue le préalable à tout projet. Il est essentiel d’inviter les personnes à se réapproprier leur alimentation et surtout de créer des systèmes alimentaires qui respectent leurs pratiques sociales et culturelles, croyances et besoins. C’est possible, à condition de laisser une place aux personnes, d’ouvrir des espaces d’échanges, de favoriser la rencontre entre producteurs.rices et adhérent.e.s et de rendre le fonctionnement des systèmes alimentaires plus intelligible (rémunération des paysan.ne.s, fonctionnement des groupes de distribution, fonctionnement des dons à l’aide alimentaire, etc.).

Parce que ces quartiers sont souvent le théâtre de nombreuses injustices, les enjeux de solidarité et de justice sociale apparaissent aussi indispensables. On ne peut se satisfaire d’un accès à une alimentation de qualité réservé aux personnes les plus aisées.

Garantir l’accessibilité, par la vente à prix coûtant, de produits biologiques, locaux, équitables et de qualité au plus grand nombre est un premier pas. Rééquilibrer les injustices géographiques, en s’installant dans les quartiers qui le nécessitent le plus, en est un second. Pour autant, l’accès à des produits de qualité ne serait pas suffisant si les personnes étaient contraintes d’accepter ce qui leur est proposé sans avoir leur mot à dire et sans être écoutées.

Nous n’imaginons qu’une seule réponse : le respect de la dignité et du pouvoir d’agir des personnes, en leur laissant la possibilité de choisir les produits qu’elles souhaitent, en les incitant à devenir bénévole pour sortir d’un schéma inégale où l’un donne et l’autre reçoit et en les intégrant à la vie associative.

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« VRAC m’apporte une sorte de sérénité monétaire, je sais que je pourrais me payer ce qu’il y a à VRAC sans problème, alors que parfois en magasin ça peut être très cher, même pour les produits basiques. »

L’alimentation, étroitement liée à l’isolement des personnes

L’alimentation ne permet pas uniquement de s’alimenter pour répondre aux besoins physiologiques du corps, elle est aussi vectrice de liens sociaux, par le partage des repas par exemple.

Ne pas avoir accès à une alimentation de qualité, notamment en cas de précarité alimentaire, soulève donc la question des liens qui peuvent se rompre. Face à cela, nous identifions des enjeux de lutte contre la précarisation sociale et l’isolement. Par exemple, pouvoir acheter son alimentation permet d’accéder au statut de consommateur et place la personne au cœur de la société et non en marge. De la même manière, ne pas avoir des produits de qualité dans son placard ne favorise pas l’idée de partage d’un repas avec des proches et peut venir amplifier un sentiment d’isolement.

Comme une peine supplémentaire, les personnes en situation de précarité pâtissent aussi de problèmes de santé, il y a donc un enjeu de santé publique à garantir l’accès à une meilleure alimentation.

Dans les quartiers populaires, la prévalence de l’obésité, du diabète ou des maladies cardiovasculaires est plus accrue que dans d’autres territoires. Si les facteurs sont multiples, le lien avec l’alimentation est désormais démontré. Le fait qu’une calorie de produits gras ou sucrés coûte en moyenne 4 fois moins cher qu’une calorie de fruits ou légumes constitue un exemple parmi tant d’autres de ce qui guide les personnes vers le choix de produits de moindre qualité nutritive et sanitaire.

« A VRAC, on s’entraide, on récupère la commande de nos voisins, on rencontre les habitants de notre quartier. »

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Consommation plus écologique et consommation plus équitable

Face à l’urgence climatique, la volonté d’inscrire sa consommation dans une visée plus écologique ne devrait pas être un privilège de classe.

Si les réalités du quotidien sont souvent plus dures dans ces quartiers, les questionnements écologiques n’en sont pas pour autant absents : qualité des aliments donnés aux enfants, volonté de soutenir des modes de production moins polluants et plus locaux, etc. A ce titre, le projet de VRAC s’inscrit également dans un enjeu écologique. En proposant des produits alimentaires ou d’hygiène produits durablement, nous soutenons également les acteurs.rices qui travaillent à cette indispensable transition.

Enfin, si l’accès à une alimentation durable au plus grand nombre est primordial pour VRAC, cela ne doit pas se faire au détriment de la rémunération des producteurs.

Pour faire face à cet enjeu économique, l’association développe des circuits de distribution pérennes et rémunérateurs pour les producteurs.rices et s’engage à ne pas négocier les prix. Elle choisit aussi de privilégier au maximum les circuits courts et la vente directe en travaillant avec des coopératives de producteurs.rices dès qu’elle le peut. VRAC souhaite ainsi montrer que d’autres fonctionnements économiques sont envisageables, loin des diktats de la grande distribution.

Aujourd’hui, VRAC se donne pour mission de continuer à porter ces enjeux pour que l’accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous soit abordé de manière systémique, avec l’ensemble des acteurs et prenant en compte l’ensemble des dimensions du système alimentaire, et non pas uniquement comme une question de lutte contre la précarité alimentaire.

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